samedi 22 juin 2024

GEEK AVANT L'HEURE

/Lecture : 5 minutes.
Parfois, des personnes bien intentionnées me demandent, à moi cette dame " âgée" : voulez-vous de l'aide pour tout ce qui est informatique, web etc...?" C'est gentil, mais les personnes beaucoup plus jeunes nous confondent avec la génération qui nous a précédés ! Beaucoup d'entre nous sont tout à fait à l'aise avec les technologies et ça m'arrive même de donner des conseils à des beaucoup plus jeunes que moi ! 
Nous sommes souvent encore bien en prise avec la vie telle qu'elle est ! 

C’est aux environs des années 1983-85, que j’ai découvert avec émerveillement ce nouvel engin qui faisait irruption dans ma vie de secrétaire commerciale : l’ordinateur !
Les murs de nos bureaux ressemblaient à ceux de tous les vieux murs de bureaux de l’époque : gris-jaunâtre, envahis par les vieilles poussières accumulées sur les dossiers de carton noir.
Alors les machines sont arrivées, les électriciens, les programmeurs auréolés de ces nouveaux savoirs informatiques, aussi.
Le peu que j’en savais, provenait de quelques films de Science Fiction, que j’adorais, après avoir été une lectrice assidue de ce genre littéraire : 2001 Odyssée de l’Espace et l’ordinateur Hal 9000 dans les années 68-71, Protheus IV, L’Oracle de Star Trek, et tellement d’autres, sans compter que, lorsque j'étais tout juste adolescente, je dévorais les livres de Henri Verne et ses Bob Morane, que Jules Vernes n'avait plus de secrets pour moi, et qu'un peu plus tard, jeune adulte, Robert Merle et "Les hommes protégés", Farenheit 451, Orwell et 1984, Le meilleur des Mondes et Huxley... n'étaient qu'un maigre échantillon de mes lectures.
 

Revenons donc à ces énormes machines des débuts, sur lesquelles tournaient des bobines tout aussi gigantesques et peuplaient des pièces entières.
Je vis entrer, fascinée, des écrans pas très grands mais pesants, oeil noir et morne fixé dans des machines massives et lourdes, mais qui tenaient sur notre bureau, et munies d’un clavier.
En 1970, je tapais sur une machine à écrire mécanique Remington. Que de fois me suis-je emportée sur les barres de caractère qui s’emmêlaient, sur le ruban encreur qu’il fallait remplacer, sur les fautes de frappe qu’il fallait essayer d'effacer avec une gomme bleue spéciale qui, neuf fois sur dix... trouait le papier ; il y avait le carbone qu’il fallait placer en sandwich entre deux feuilles de papier, tapoter le tout sur la tranche pour que tout cela soit bien aligné.
Je glissais ce "mille-feuilles" derrière le cylindre de la machine, tournais la roulette d’entraînement pour mettre le papier à la bonne hauteur,  je pouvais enfin commencer à dactylographier le courrier qui m’avait été demandé.
Comme je n’étais pas dactylo de métier, il m’arrivait souvent de trouer le papier, de me mettre de l’encre plein les doigts en changeant le ruban ou... le carbone, de mal m’essuyer les mains, et de laisser de belles empreintes sur la feuille vierge que je venais d’introduire sous le cylindre et que, dès lors, je devais à nouveau remplacer !
Dire que je détestais cela c’est peu dire, et bien après, lors de mes nouveaux emplois, j’ai toujours précisé que j’étais secrétaire,  pas dactylo, et que si je condescendais à produire parfois quelque courrier, il ne fallait pas compter sur moi pour le faire à chaque fois. Ceci fut dit autrement, évidemment ! 

Ah, quelle époque que celle où je pouvais claquer la porte du bureau d’un patron et quitter mon emploi, retrouver un job dans la quinzaine qui suivait, sans même avoir de diplômes, où l'on ne nous "évaluait" pas à tour de bras, où nous pouvions démontrer nos compétences au fil du temps, où nous montions quelques échelons, après avoir, le coeur battant, frappé à la porte du chef du personnel pour réclamer une augmentation ! Tout était possible.
Les machines à écrire électriques, je n'ai pas cherché de quand elles datent, mais elles sont apparues dans ma vie vers 1980 si je me souviens bien.
Elles étaient plus rapides, les touches étaient plus souples, les barres de caractères s’emmêlaient moins, mais il restait toujours l’horreur du papier carbone et de l’effacement à la gomme rugueuse, jusqu’à ce qu’apparaisse le Tipex ou Blanco, produit blanc avec lequel nous pouvions recouvrir la faute, attendre que cela sèche et retaper par-dessus. Bien entendu, impatiente que j'étais, je ne laissais pas sécher le produit et salissais les caractères !
Le ruban encreur demeurait retors et me maculait toujours autant les doigts !
Si, par malheur, le blocage au bout du chariot sautait et que le technicien n’intervenait pas rapidement, dans le stress du boulot, lors d’un «retour chariot», celui-ci sortait de ses gonds et se fracassait sur le sol ! Heureusement que j’ai fait d’autres métiers d'où ces machines honnies étaient absentes !
À la même époque, existaient déjà les machines plus perfectionnées comme les IBM à «boule» et à « marguerite ». Tous les bureaux ne pouvaient s’en offrir.
Ces machines n’avaient pas, elles non plus de mémoire interne, et la torture du carbone continuait à m’user les nerfs.
Puis enfin vint la machine à traitement de texte !                    C’était une machine avec un très petit écran rectangulaire de 2cm de hauteur et de 20 cm de large, où apparaissaient les mots tapés, et dont on pouvait vérifier l’orthographe avant d’appuyer  sur une touche « enter». Ce devait être une Brother je pense. L'imprimante ayant elle aussi vu le jour depuis quelques années, l’impression, libérée de son noir carbone,  se faisait enfin sans faute, comme par miracle.
Ce fut une avancée considérable et libératrice pour toutes les dactylographes et secrétaires !
Et le courrier, les messages urgents, comment faisions-nous ?
Il y avait bien sûr le courrier postal, le recommandé et le... Télex.
Jusque en 1990, le Télex, successeur du télégraphe, fut le roi incontesté de la transmission rapide et pratiquement instantanée.
Il faisait un bruit saccadé d’enfer,  et vomissait sa petite bande perforée codée, gardienne des messages.
Le «télécopieur» ou Téléfax lui a succédé, plus rapide, moins bruyant et qui était immédiatement lisible.
Les premières recherches datent des années 1850 il me semble, mais ce n’est que dans les années 1960 que les transmissions par fax commencèrent à se faire dans les bureaux qui pouvaient en acquérir, tandis que les autres continuaient d’utiliser les moyens classiques de transmission.
Mais je disgresse... revenons à ce jour de 1985 où, tels des messies, les programmeurs envahirent nos bureaux. Je travaillais à ce moment comme secrétaire commerciale d’une firme de vins et spiritueux. Ils étaient venus pendant des week-end entiers, mettre en place les réseaux électriques nécessaires et ils avaient passé des heures et des journées entières à encoder tout ce qui pouvait l’être : les stocks de marchandises, la comptabilité, les fiches de salaire, la liste des clients, enfin, tout ce qui concernait la gestion d’une entreprise.                                                                  
Auparavant, tout se faisait manuellement, était noté dans des carnets, tandis que la comptabilité, les factures et autres notes de crédit,  se traitaient par fiches perforées.      Ce système s’appelait "mécanographie"  et était tellement bruyant que l’on n’entendait même plus la sonnerie pourtant stridente du téléphone en bakélite... à cadran !
Nous devions faire attention aux câbles qui couraient comme des serpents de tous côtés. De nouvelles prises furent installées, les machines à écrire furent remisées dans les caves, et trônèrent enfin sur le sous-mains lisse, ces drôles de bêtes grises, noires et mystérieuses dont nous ne savions rien.                                     

Après quelques jours de « mise au courant » j’accrochai tout de suite à la nouvelle technologie : ma paresse naturelle trouvait là à exprimer tout son potentiel et la machine allait grandement soulager mon travail. ( J’ai toujours revendiqué cette sorte de paresse qui fait que j’adhère à tout ce qui peut me faciliter le travail et pour en faire un maximum !)
Ce ne fut pas le cas pour tout le monde.

Une secrétaire jurait, rouge de colère, que rien ni personne ne la priverait de sa vieille machine à écrire Underwood et carbonée!
Elle imputa ainsi, tant que j’y travaillai, toutes ses erreurs, aux nouveaux ordinateurs, ne comprenant pas que celui-ci ne régurgitait que ce que l’on y avait introduit, et qu’il n’avait pas atteint la compétence acquise de nos jours par l' I.A ( Intelligence Artificielle)!
Moi je jubilais, car le jour était venu de mettre à la poubelle des dizaines d'années de dossiers, de factures, de notes de crédit, désormais encodés, de vider les étagères et de les faire repeindre ainsi que les murs. J’y ai pris un plaisir malin et jubilatoire, n’hésitant pas à faire des heures suplémentaires gratuites, tant j’avais hâte de voir disparaître ces vieilleries d’un autre âge.
Combien d'heures avais-je perdues à chercher un document mal classé, assise par terre, entourée de dossiers ouverts, et que me réclamait mon boss exaspéré qui shootait dans les bureaux ! Si, si !
Le container placé devant la porte de l’entrepôt se remplit rapidement, et c’est sans états d’âme que je le vis se faire enlever pour aller se faire voir ailleurs.
Dans les chais, les vins enfin furent eux aussi bientôt «dans la machine» et le temps était fini pour moi de partir à la recherche de tel cru ou de tel millésime, dans les recoins sombres et humides, et de devoir recompter des stocks toujours inexacts, sauf lors de l'inventaire de fin d'année.
Bien sûr, au début le système « buggait »: il faisait sa «maladie» !
J’écris de mémoire, sans recherches historiques ou chronologiques.
Beaucoup de systèmes coexistaient dans ces années-là, et depuis l’industrialisation, des chercheurs  de tous bords se sont penchés sur des moyens de communication efficaces et rapides.
Je vous laisse à vos recherches, et pourquoi ne pas regarder le film « Imitation Game » à propos de la machine de Turing. Ses efforts, et celles de ses compagnons,  pour construire une machine électro-mécanographique (le terme ordinateur n’existait pas) capable de décrypter la machine Enigma des Allemands pendant la 2ème guerre mondiale, furent décisifs et le code de Enigma, décrypté.
Ce qui existait déjà aux Etats-Unis, en matière d'ordinateurs, depuis belle lurette, n’avait pas encore acquis chez nous ses lettres de noblesse.
Sur un plan plus personnel, l’ordinateur m’a sauvée de la solitude quand je m’y attendais le moins.
En 1991, mon époux décéda. J’avais 44 ans, mes filles venaient de quitter le foyer et vivaient leurs vies débutantes de jeunes femmes.
La télévision ne me distrayait pas. Passive, je la regardais sans la voir et sans aucun intérêt.
Je fis alors l’acquisition d'un Pc ,  « bête » informatique : tour, écran couleur,  floppy disk ( disquette souple) et disquette rigide, et une « gigantesque » mémoire Ram d’environ … 120 mégabits !
Non, non, je ne fais pas erreur!
Il fonctionnait bien sûr sous Dos  C:/   et il fallait tracer son  pad  (chemin) ou tree  (arbre)… tout seul !
Windows venait d’être créé, mais il fallut encore bien du temps avant qu’il ne soit utilisé et commercialisé.
 

Apple, et la Pomme monochrome n’existaient pas.                         
Vers 1992, sortent les « Mackintosh » et pour moi, mon ordi restera toujours un Mac ! Ce n’est qu’en 2001 que Mackintosh devient Apple. 
J’ai donc suivi quelques cours pour voir l’intérieur de cette bête fonctionnant sous Dos, comprendre ce qu’était un disque dur, une carte mère, la RAM et le ROM et puis surtout, je passai des heures interminables à essayer de comprendre le fonctionnement de cet engin ( Le Pc ) qui m’avait coûté à l’époque la somme astronomique de 75.000 Fb soit environ 2000 euros! ( 1991) Des économies y étaient passées.
Grâce à lui, mon esprit s’évadait dans les cylindres de la machine, dans son ronronnement apaisant : j’apprenais, le chagrin s’estompait un moment.
Les disquettes supportaient à peine environ 100Ko au début ! Vous imaginez ça ?
Un jour je me suis prise pour une programmatrice, et j’ai pénétré le système, le plantant en beauté ! (Dans mon entourage on m’appelle Mc Gyver, feuilleton des années 80, où le héros répare tout avec des bouts de scotch ou de ficelle !) J'aime comprendre le fonctionnement des choses et cela peut amener des déboires mais aussi de bonnes surprises !
Je le fis réparer 2 fois par un étudiant en informatique, puis il fut irrécupérable.
Nous étions en 1993, ma vie reprenait sens, j’avais retrouvé l’amour, et chez un ami, je découvris le Mac ! Ce fut un coup de foudre qui dure encore et il est un « compagnon » auquel j’ai confié tant de poèmes, de contes, d’histoires et de chagrins !  Au fond, il est un peu mon chat-chien...
J’étais tombée en arrêt devant lui en voyant mon ami faire un  "glisser-déposer " d’une icône vers un dossier. Subjuguée je le regardais faire : pas de Dos, tout est clair, convivial, rapide !
Comment donc était-ce possible ?
Si j’ai bonne souvenance c’était un Mackintosh « Performa » à disquette, donc un des premiers sur le marché, Pomme colorée.

J’y vis les premiers jeux, Tomb Raider ( Lara Croft en 1996 ).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Macintosh_Performa#/media/File:Macintosh_Performa_6300.jpg

Mon compagnon de l’époque et moi travaillions dans son restaurant, et j’achetai donc un portable Powerbook Mac fraîchement apparu en 1993. Petit mais lourd, avec un tout petit écran en noir et blanc.
Il m’a accompagnée très longtemps avec ses 80 Mo de mémoire et 40Mo de « mémoire virtuelle » !
J’y encodais les menus, je sauvegardais et imprimais ceux-ci et j’y fit tourner « Global Fax », un logiciel qui permettait d’envoyer des fax ! C’était extraordinaire.
 Ma petite soeur y fit ses débuts sur ordinateur dans les années 2000. Il fonctionnait toujours, écran noir, traitement de texte « Text edit » simplissime, qui existe d’ailleurs toujours d’office sur tous les appareils, et ce ne fut que du bonheur de l’employer.
En cas de fausse manoeuvre, il y avait… la bombe ! Chaque fois qu’elle apparaissait, je me disais que j’avais planté l’ordinateur. Mais non !
Le pli était pris, je ne pouvais plus me passer de mes amours, pas non plus de mes Mac’s !
Ce fut donc le Power Mac G3 ! Tour bleu turquoise et écran élégant. Enfin de la mémoire ( euh…1Go), la couleur, toujours la même petite musique de départ, le « sourire » MacOS  système 9.
Il avait déjà presque tout d’un grand. 


L’Internet, la toile, fut une découverte encore plus extraordinaire.
Avide de connaissances et de voyages, je découvrais le plus léger que l’air, le presque plus rapide que la lumière.
Je regardais fascinée, la petite terre tourner dans l’angle de l’écran, la connexion visible se faire entre les écrans, et la tonalité si particulière puisque le Wi-Fi n’existait pas, et que nous passions par la ligne téléphonique.
Un nouveau monde s’ouvrait devant mes yeux émerveillés.
           
La seule autre fois où je suis demeurée fascinée devant un écran, ce fut lorsque je reçus ma première machine à laver automatique. Là aussi j’étais demeurée à regarder le linge tourner derrière le hublot, et pendant 2 heures, j’avais consciencieusement suivi tout le programme : je n’aurais plus à faire bouillir, rincer, tordre le linge. Ça se ferait tout seul !
J’ai usé ces machines autant que leur faible mémoire de l’époque le permettait.
Aujourd’hui encore dans les grands silences de la vie, j’ai évolué avec eux, ces amis des soirées solitaires, continuant de me former aux nouveautés, d'apprendre et de transmettre ce que je connais.
Et que l’on ne me dise pas que je « n’avais qu’à  "sortir voir des gens"! Je n'en avais pas le courage.
Dans les périodes de désespoir, ils m’ont détournée du pire, et il y a toujours tant à apprendre.
Ils sont enfin devenus mes compagnons d’écriture.
J’écris à la plume, je ne peux écrire qu’à l’encre et à la plume ! Après je transfère les textes sur la machine pour les corrections et l'impression.
La photographie est devenue sur le tard, une passion, et je m’amuse avec les fantastiques logiciels où ma nature de peintre trouve à s’exprimer d’une autre manière.
Est-ce la machine qui nous a éloignés de l’humain ?
Sommes-nous plus égoïstes ou moins hypocrites ?
Aurais-je plus d’amis et d’amies sans les réseaux sociaux ?
En ce qui me concerne, je n’en suis pas du tout persuadée. Je ne suis pas capable d’entretenir beaucoup de liens.
Le tout est de ne pas confondre la réalité avec le virtuel. Mais, même si je me répète, lors de longues soirées en solitaire, ils me permettent de travailler, de m’absorber dans l’écriture, et la retraite venue, les amies et amis qui travaillent encore sont pris-es par leurs bien normales occupations quotidiennes, tout comme je l’étais lorsque je travaillais aussi.
 Il en va autrement pour les plus jeunes, sans doute, mais le problème de beaucoup de personnes vieillissantes, est de penser que leur époque était meilleure que les autres.
 Je laisse à la nouvelle génération le bénéfice du doute.
 Ils créent un monde et des liens différents, ils vivent des joies et des épreuves différentes.
Qui dit qu’ils ne seront pas la génération que l’on attendait depuis si longtemps ?
C’est d’eux, quoique l’on en dise, que viendra un ras-le-bol de cette drôle de vie où tout est axé sur la consommation de biens dont nous n’avons que faire.
Le monde a changé un peu trop vite, sans que nos esprits et nos consciences ne suivent le mouvement, et nous n’avons pas encore trouvé le moyen équilibré de mettre les machines à notre service : aujourd’hui nous passons par une période où c’est nous qui sommes au leur.
Rien ne remplacera la chaleur d’une main sur la nôtre, ni celle de bras accueillants, ou du frôlement d’une peau.
          
Nous cesserons d’avoir si peur de nous blesser aux autres, car nous saurons que, nous ne pouvons éviter les blessures mais qu’il y a des pansements faits de douceur, de bonheur et de tendresse.

Me voilà 35 ans après mes premiers contacts avec les ordinateurs.
Beaucoup de changements et la peur qui nous titille : depuis le Gsm, la tablette, les jeux, nous perdons parfois pied, nous les aînés, mais je tiens bon car je n’en suis pas esclave, mais ça m’intéresse toujours autant  et je vous écris depuis mon vieil iMac, qui fête ses 15 ans sans anicroches !
Robotique et IA, intelligence artificielle, nous effrayent.
Mais on n’est jamais sûr de rien et pour la joie de la découverte,  je m’amuse avec  ChatGpt et autres I.A "rėgurgitrices " de ce qu’on leur a injecté sous forme de C.G.I  parfois .( computer generated image.)
Curiosité est le maître mot de la vie, acceptation du changement,  et confiance leur compagne.
Mon appartement est silencieux, j’écris ce petit pan de vie, témoignage d’un temps révolu que beaucoup ignorent à présent ; je charge mes photos et je m’amuse à en faire des oeuvres différentes et au diable les puristes !
Moi, ça me dirait bien un gentil robot, programmé pour l’empathie, qui viendrait m’apporter une tasse de café en me murmurant que « tout va bien, je suis là » quand les gens du dehors m’auront oubliée : une compagne robotisée pour me maintenir à la maison au milieu de ce que j’aime, au lieu d’aller dans un home-mouroir, et qui aurait été programmée pour me faire la lecture si ma vue baisse, qui ne serait jamais fatiguée de m’entendre raconter mille fois les mêmes histoires ; programmée pour donner de mes nouvelles à mes enfants trop pris par leurs vies trop occupées, comme je le fus par la mienne, et programmée pour ménager ma pudeur au moment de la toilette.
C’est peut-être parce que j’aime les humains que j’écris pour eux, pour elles, et peut-être parce que j’ai une forme d’affection pour ma « machine », qu’elle me tient compagnie depuis tant d'années, au point qu’elle accepte des « upgrade » que son système devrait refuser !
L’histoire n’est pas finie pour la vieille « geek » que je suis : je fouille, je cherche, je répare, j’apprends, j’écris, je peins, je photographie, lis, je cuisine, ou je réfléchis et je regarde avec toute ma tendresse, ma famille, mes très rares amies et amis qui supportent depuis si longtemps les troubles de l’humeur qui me font qui je suis. 
 


Mona MacDee

illustration Pixabay. Images libres de droits .