Ils sont venus, chacals, s’abreuver à ma source de tendresse,
aux eaux profondes et maternelles
et je n’ai rien vu venir.
Je n’ai ni murs, ni clôtures,
aucune protection,
ni clefs, ni serrures,
ni grilles autour du cœur.
Étale et lisse,
si confiante à chaque fois,
je les ai laissés me ternir.
Ils n’ont vu de moi qu’un corps où assouvir leurs désirs.
Ils n’ont pas voulu de mes sourires,
ni de mes partages,
ni de mes idées, ni de mes rêves,
ni de mes besoins,
ni de balades tranquilles, main dans la main,
ni de mes baisers doux et de sommeils tendres.
Ils ont usé de moi, à leur guise,
et je n’ai pas su dire non,
pleine de larmes d’humiliation
et de colères rentrées.
J’espérais qu’ils voient au-delà,
et m’aiment telle que j’étais.
Ils n’ont ni vu, ni compris mes angoisses,
alors que je faisais miennes les leurs,
et que leurs vies me devenaient plus précieuses
que la mienne.
Je les ai laissés me dévorer
jusqu’à des lambeaux d’âme.
Fatiguée à me laisser glisser au sol, insoumise et fière,
je les toise.
J’ouvre mes ailes au vent du large,
pour que de ses embruns,
il me lave et m’apaise,
goélette dansante,
caboteuse d’émotions,
frôleuse de tendresse,
berceuse d’illusion,
chanteuse de vague à l’âme,
et je n’accosterai plus aux rives empoisonnées de leurs délires.
Mona MacDee
Recueil 2017