mardi 23 avril 2024

Magie
















Tu es entré dans ma vie presque par effraction,
homme des dunes, dans mon pays d’hiver et de pluies.
Suis-je pour toi ce « repos du guerrier » pendant ta longue absence aux tiens ?

Tu es entré chez moi,
tu y as pris tes marques,
comme si tu étais chez toi.

Tu as pris part, ta part, homme fier, aux soins du ménage !
Comment résister à tant de gentillesse, de douceur.
Mon chez moi est devenu chez nous.
Le temps d’un miracle, un intermède...
J’ai mis des clefs et des serrures à mon cœur, à mon corps,
cadenassé mes yeux pour qu’ils restent secs,
croisé les jambes et les bras pour t’interdire l’accès à ma fragilité.

Tu es entré en moi, et mes barrages se sont brisés,
mes digues se sont rompues.
Tu m’as enveloppé de tes jambes, de tes baisers, 
et fait jaillir de moi un plaisir que je pensais définitivement oublié.
Au petit matin, ma peau s’est teintée d’indigo.

Tu me vois, enfin j'existe, du moins je l'espère.
Tu restes… un peu.
Quelques jours de magie, 
enlacés comme des enfants, à chaque retrouvaille, 
incapables de nous séparer,
baisers encore, tes cheveux sous mes lèvres, 
tendresse-peignoir aux coussins doux du canapé.

Tu pars. Je ne m’étiolerai pas à attendre ton retour.
La magie serait absente, comme de ces pays que l’on ne veut plus visiter, de peur d’être déçu.

S’attacher, s’arracher, ne pas ramollir l’homme des lointains.
Tu restes impassible, regard au loin sur le quai de la gare, je sens ta nuque vibrer de l’impatience de te retourner, mais non.
 
Rentrée chez moi, je hume ce parfum de thé sucré que ton corps exhalait, parfum de palmeraies, de dattes et de métal, parfum de poussières argentées des bijoux que tu fabriquais. 
 
Allongée seule cette fois dans le divan moelleux, ton image déjà s'estompe.
 
 



Texte et photo : Mona Mac Dee
2019