Chaque année , je republie quelques textes sur la dépression, le mal-être, pour celles et ceux qui n'osent se dire, dire à personne et pour que vous vous sentiez moins seules, seuls. Beaucoup, en particulier sur les réseaux sociaux,montrent une image idéale, comme si souffrir moralement, mentalement était honteux, mais pas une douleur physique !
C'est un patron, en 1986 je pense, qui, alors que j'étais jeune et pleine de certitudes, me fit un jour remarquer :
" Mona, les malheurs ne se comparent pas."
Aussi, parlez, consultez, écrivez ce qui vous agite, ne laissez pas les choses s'accumuler, criez dans les bois, ou sur les grandes plages par grand vent, ça fait un bien fou. Et nous avons le droit le plus absolu d'aller parfois mal. Osons nous montrer tels et telles que nous sommes et tant pis ou... tant mieux.
Le silence est un tueur masqué.
Le " désordre mental" reste un sujet tabou, et un état où il faudrait avoir le courage de s'en sortir seul, selon certains qui ont eu la chance de ne jamais en avoir été atteints.
En 2010, le taux de suicide en Belgique était de 2000 personnes par an, tous âges confondus. À ce jour et depuis le Covid, il est en augmentation.
Dépression, mal-être, incompréhension des amis et des proches."Il faut te distraire, voir du monde, fais donc quelque chose, tu as tout pour être heureuse" combien de fois ne l'ai-je entendu.
J'ai entendu aussi, que "si à mon âge" je n'avais pas encore pu faire une croix sur certains évènements, c'était incompréhensible et tant pis pour moi !
Si seulement il ne s'agissait que d'événements précis, bien sûr, mais quand l'inconscient n'a pas livré ses secrets, comment faire une croix ?
Comment obliger le souvenir ?
Comment expliquer ?
Comment expliquer l'eau à quelqu'un qui n'a jamais vu la pluie, ou la rivière, ou le puits ?
Comment expliquer la lumière à qui vit dans la nuit ?
Il y a les dépressions de longue durée, les dures, celles qui reviennent, que l'âge ne soumet pas et qui, au contraire, hantent nos nuits et nos petits jours de leurs fantômes grimaçants.
Il y a des nuits dont nous ne savons pas si nous en sortirons vivantes, si la folie ne s'emparera pas de nos gestes, et ce n'est qu'à la lueur des premiers rayons du soleil, que les poids qui pesaient sur nos poitrines, s'allègent : un peu, un moment.
J'ai entendu aussi, que "si à mon âge" je n'avais pas encore pu faire une croix sur certains évènements, c'était incompréhensible et tant pis pour moi !
Si seulement il ne s'agissait que d'événements précis, bien sûr, mais quand l'inconscient n'a pas livré ses secrets, comment faire une croix ?
Comment obliger le souvenir ?
Comment expliquer ?
Comment expliquer l'eau à quelqu'un qui n'a jamais vu la pluie, ou la rivière, ou le puits ?
Comment expliquer la lumière à qui vit dans la nuit ?
Il y a les dépressions de longue durée, les dures, celles qui reviennent, que l'âge ne soumet pas et qui, au contraire, hantent nos nuits et nos petits jours de leurs fantômes grimaçants.
Il y a des nuits dont nous ne savons pas si nous en sortirons vivantes, si la folie ne s'emparera pas de nos gestes, et ce n'est qu'à la lueur des premiers rayons du soleil, que les poids qui pesaient sur nos poitrines, s'allègent : un peu, un moment.
Revenir d'une dépression profonde équivaut à remonter par paliers de décompression comme un plongeur muni de bonbonnes d'oxygène presque épuisées.
La remontée est lente, par petits bonds ralentis.
Quelques bulles s'échappent vers la surface qu'un peu de lumière fait miroiter.
Je me laisse flotter entre deux eaux, les abysses ont cessé d'exercer leur attraction, des sons me parviennent assourdis.
Un palier, encore un.
D'abord accepter, s'accepter : chacun de nous, chacune, est différent-e.
Chacun-e, vit les choses à sa manière.
Chacun-e, vit les choses à sa manière.
Tant pis pour les jugements et ceux qui estiment que je me complais.
Se remettre en chemin ne se fait que par le passage dans le quotidien le plus banal : se lever, faire sa toilette, jour après jour, nettoyer les coins oubliés de chaque pièce, nettoyer les coins oubliés de mon âme, de mon cœur et de mon esprit et la parole qui n'en finit pas de se dévider aux oreilles de mon
"écoutant.e".
"écoutant.e".
Absente à moi-même, par amour, vie par contumace, mois de dérive, de "semblant vivre", ballottée par mes émotions exacerbées, le goût stérile de plaire à tout prix et des attachements délétères.
Une ou deux paires de mains ont plongé dans mes eaux agitées, juste pour me dire "on est là, on sait que tu ne peux pas..."
Malgré tout je m'enfonçais, à cause de ça, je revenais.
Éplucher des oignons, de l'ail, cuire l'agneau, des épices, beaucoup d'épices, du piment et nourrir à nouveau ce corps si maltraité ces mois durant.
Méditer, devenir souffle quand l'émotion m'étreint à nouveau de sa main de fer qui me brise la poitrine, devenir corps, sans relâche et sans obligation.
Il paraît qu'il faut 21 jours pour créer une habitude.
Hors d'haleine, je crève enfin la surface, haletante et je me laisse aller sur le dos, portée : dormir, rêver, même en plein jour, oui, tant pis, j'en ai besoin.
Des années d'exigence et de dureté envers mon corps l'ont mis à rude épreuve : il renâcle et m'oblige.
Le rivage se profile. Il est encore un peu loin, mais le courant me rapproche, rien ne presse.
Mes bonbonnes sont vides mais l'air du large emplis mes poumons.
La pièce sent le propre et la nourriture mijotée avec amour, juste pour moi, qui n'ai jamais fait de repas réussi que pour les autres !
Je vais nager lentement vers la rive, tout en douceur et parfois, bien sûr, une vague me submergera.
La minute et l'heure qui viennent sont incertaines, et demain l'est plus encore.
La minute et l'heure qui viennent sont incertaines, et demain l'est plus encore.
Devenir ma meilleure amie au fil des mots dont je te ferai mon dépositaire, toi mon "entendant.e" et renouer de timides relations avec qui ne craindra pas de me côtoyer telle que je suis, cette femme encore fragile aux humeurs instables.
Et chaque fois, j'espère que ce sera la dernière,
chaque fois je souris à nouveau à la vie, je désespère les miens, et je danse la musique de mon âme insatisfaite,
chaque fois, chaque fois, car j'ai appris qu'on ne guérit pas, dans le sens accordé au mot guérison. On vit plus ou moins bien "avec", c'est dur à chaque fois et soudain, l'éclaircie lumineuse qui redonne l'envie de prendre la vie à bras le corps. chaque fois je souris à nouveau à la vie, je désespère les miens, et je danse la musique de mon âme insatisfaite,
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Un petit coin perdu dans le Waasland. Disparu en 2023... un vilain toit de tôle grise sur une maisonnette grise |
Avec affection aux troublés. et troublées de l'humeur.
Texte et photographies:Mona MacDee