lundi 17 octobre 2022

DES FEMMES ATTENDENT.





Des hommes seuls, attablés aux tables du bistrot, parlent les langues de leurs lointains pays. Langues gutturales et douces à la fois, dont quelques bribes en français me font comprendre un peu le contenu de leurs phrases.
Leurs familles sont, pour la plupart, restées là-bas.
Ici, ils gagnent leur vie, tant bien que mal, vivent isolés, ou en compagnies d’autres, pour payer moins, pour être moins seuls.
Lorsque la solitude devient insupportable, ils tentent l’aventure…une femme, peu importe son âge, pour des moments de douceur, de tendresse, de caresses sous les draps.
À la lumière diffuse et douce des bougies, la nuit efface les différences. Les deux y trouvent leur compte, et nous si solitaires, nous devenons ces maîtresses-mères, dans les bras desquelles il fait si bon se blottir, ces maîtresses-épouses de remplacement, ces maîtresses-assistantes sociales, celles dont ils ne devront craindre, ni cris, ni scandale au jour de la rupture.
Nous sommes aussi ces femmes restées pleines de vie et de désir que le temps qui passe n’a pas assagies, mais que les hommes de nos âges ne regardent plus. 
Hommes seuls aux gestes vifs et aux éclats de voix de ces multiples Sud éclaboussés de soleil, perdus sous nos cieux masqués de nuages si bas, que le cœur s’y dissout en larmes dégoulinant sur les vitres de nos maisons trop grises.

Nous, aux chaud de leur tendresse éphémère et...
là-bas, des femmes attendent. 





Mac Dee
 
Octobre 2019.