Hier, je regardais une vieille toile que j’avais déjà recouverte de « Gesso » ( médium qui sert à recouvrir une toile), et comme son fond était structuré, je me demandais ce que j’allais en faire ou si tout simplement je n’allais pas la mettre à la rue…
Puis je me suis dit : « mais qu’est-ce que tu fais avec ces peintures, toi qui n’est qu’une autodidacte et même une dilettante, n’ayant jamais envie de suivre des cours, alors que tant d’autres ont sué sang et eau sur les bancs d’une académie ; qui es-tu pour prétendre vendre, qui sait, ces toiles ; et puis, tu n’as aucun style, tu passes d’une technique à une autre, ça ne ressemble à rien, on ne peut reconnaître, peut-être, ta « patte » qu’à la folie qui l’anime. »
J’en étais là de mes réflexions, prête à donner peintures et toiles au premier venu, découragée, car je ne valais, bien entendu, rien.
Je me suis alors posé cette question : qu’est-ce qui nous pousse ainsi à nous dénigrer, à vouloir ressembler aux autres, à abandonner la joie enfantine de s’amuser avec les couleurs, sinon une voix à l’intérieur qui nous dit sans cesse : « tu n’es pas assez, tu n’es jamais assez, tu n’atteindras jamais les sommets qu’on espérait pour toi ni ceux que tu penses te devoir à toi-même ! »
Ces voix ne s’éteignent jamais tout à fait, même après des thérapies. On pense les avoir semées, mais elles se manifestent quand on s’y attend le moins.
Aussi, que nous soyons cuisinière, musicienne, peintre, écrivaine, photographe, que nous nous occupions avec tendresse de notre jardin, ou de faire notre ménage, ou de nos enfants, de notre animal de compagnie, il y a là mille manières de « créer », de s’amuser sans vouloir exister aux yeux des autres. Montrer ce que l’on fait ? Oui, pourquoi pas, bien sûr, en parler car il y a une fierté à faire ce que l’on aime faire, mais sans jamais se comparer à l’aune imposée par la société.
Nous sommes nous, telles que nous sommes, dignes de tendresse, d’affection, d’amour pour qui nous sommes et non pour ce que nous faisons.
Osons donc colorier en dehors des lignes, plonger les mains dans la pâte, la peinture ou la terre et faisons en surgir cette chose unique qui provient du plus profond de l’enfant qui chante encore en nous.
Texte et acrylique : Mona MacDee
2020